Abstract :
[fr] Comme le précise l'appel à communications, si le français était encore au milieu du XIXe siècle la langue étrangère majeure en Europe, il perdra cette position vers la fin de la période analysée au profit de l'anglais. Il semble bien que ce soit à la charnière des 19e et 20e siècles qu'une prise de conscience de l'érosion des positions du français dans le monde ait eu lieu ce qui a donné naissance à diverses initiatives, notamment la création de l'Alliance française (1883). À la même époque (1886), le géographe Onésime Reclus définit les francophones comme « tous ceux qui sont ou semblent être destinés à rester ou à devenir participants de notre langue ».
Au plan mondial, la pratique du français marque incontestablement le pas, face à l'expansion coloniale anglaise, mais aussi suite au recul de la francophilie russe et scandinave. Quant à l'Allemagne de Bismarck, en plein Kulturkampf, elle poursuit son industrialisation massive et sa campagne d'unification nationale, qui n'épargne pas des régions « sensibles » comme l'Alsace et la Lorraine ou certaines villes francophiles (Malmédy) situées aujourd'hui en Belgique (d'après Provenzano 2008, 2011).
Il n'est donc pas indifférent que les trois premiers Congrès internationaux pour l'extension et la culture de la langue française aient eu lieu en Belgique dans des régions situées aux confins de la francophonie où l'avenir du français était ressenti comme plus incertain plus qu'ailleurs : Liège (sept. 1905), Arlon (sept. 1908), Gand (sept. 1913). En même temps, dans un contexte politique belge marqué par la montée du nationalisme flamand, se créent des associations visant à resserrer les liens entre la Wallonie et la France, telles les Amitiés françaises (1909) avec un premier Congrès international des amitiés françaises tenu à Mons, en septembre 1911.
L'objectif de notre communication est de comparer les argumentaires développés par les représentants français et belges face au déclin au « français » et à l'émergence d'autres langues (anglais, allemand, mais aussi espéranto). Si comme le soulignait déjà Bartier il y a un quart de siècle, dans un pays de langue française comme la Belgique, « la marque culturelle de la France est fatalement la plus forte » , il n'en reste pas moins que l'importation de cette culture française s'est faite au prix d'une adaptation aux réalités belges. Et paradoxalement la langue qui unit les « francophones » est sans doute un des objets sur lesquels les discours et les idéologies développées en France et en Belgique sont les plus contrastés.
Title :
Un difficile combat : trois congrès internationaux pour l'extension et la culture de la langue française (Belgique 1905, 1908, 1913)