Littérature belge francophone: le roman fantastique au féminin

Peu de femmes aux sommaires des anthologie de fantastique belge : seule Irène Hamoir avec « La cuve infernale » trouve grâce aux yeux d’Éric LysØe1. Parmi les 28 contes choisis par Jean-Baptiste Baronian dans son anthologie intitulée La Belgique fantastique avant et après Jean Ray, un seul était signé d’un nom de femme : Anne Richter2. Et dans son Panorama de la littérature fantastique de langue française, Baronian consacre quelques pages à « l’éclosion du fantastique féminin3 » en reprenant les paroles d’Anne Richter : « seul le fantastique moderne est réellement féminin4 ». Il essaie ainsi de « mettre l’accent sur une certaine spécificité de la littérature irrationnelle féminine » (p. 270). Mais un seul autre nom d’autrice belge apparaît, celui de Monique-Alika Watteau (p. 242), auquel on peut ajouter Marie-Thérèse Bodart (p. 243). Nous nous interrogerons sur la spécificité du fantastique belge au féminin. Plus particulièrement en ciblant les questions suivantes : Les autrices belges subvertissent-elles le fantastique de l’intérieur ? En déjouent-elles les codes ? Leur pratique de l’humour ou de l’ironie serait-elle spécifique ? Mais nous devrons d’abord résoudre la question de savoir dans quelle mesure ces trois romans pourraient s’insérer dans cette fameuse « école de l’étrange » telle que définie par Baronian, puisque nous étudierons trois romans contemporains écrits par des femmes mais non répertoriés a priori dans ce sous-genre typiquement belge : Soline de Laveleye, La Grimeuse. MEO, 2013 ; Adeline Dieudonné, La Vraie Vie. L’Iconoclaste, 2018 et Caroline Valentiny, Il fait bleu sous les tombes. Albin Michel, 2020.