[fr] L'individu désireux d'apprendre une langue nouvelle est confronté tant à des sons inexistants en L1 qu'à des sons de L2 similaires à ceux de la L1 qu'il lui faudra cependant traiter autrement. Naturellement, le sujet recourt aux stratégies de L1 [1,e.g.], d'où des déviances par rapport à l'attente normative. Les pédagogues de l'oral ont proposé divers moyens susceptibles de corriger cette propension du sujet (la correction phonétique). Si les praticiens s'accordent en général sur l'intérêt de certaines techniques, l'étude objective de leur efficacité n'a fait l'objet que de rares travaux [2,3]. Plus profondément, leur mode de fonctionnement lui-même reste dans une large mesure ignoré. Nos recherches visent à pallier cette lacune par la mise en oeuvre de dispositifs expérimentaux permettant d'analyser objectivement les effets de ces procédés. Cette communication s'intéresse à une technique spécifique : la prononciation nuancée (modification par le formateur du modèle dans une direction opposée à celle de l'erreur de l'apprenant). Afin de procéder à une simulation en laboratoire des mécanismes de base de celle-ci, nous nous centrons sur un aspect ponctuel de la maîtrise de l'oral: le contrôle du voisement dans la production des occlusives. Nos locuteurs appartiennent à des groupes de langues contrastés quant à leur gestion du trait de sonorité des plosives (soit VOT négatif vs. VOT positif, soit VOT positif bref vs. VOT positif long). Le dispositif utilisé permet d'étudier les variations des productions du sujet en réponse aux modifications du modèle: la détection du VOT en temps réel permet d'asservir les caractéristiques acoustiques de la cible aux réalisations concrètes du sujet. Les stratégies perceptuelles révélées et leurs conséquences au plan de la production sont discutées en termes des améliorations à apporter au dispositif de recherche, en vue d'études à grande échelle centrées tant sur le trait ici étudié que sur d'autres, dans le cadre d'un éventail de paires de langues élargi.