Considérations karstogénétiques sur le système de Ramioul

La Grotte de Ramioul appartient à un ensemble karstique remarquable, tant par son contexte géologique que par la multiplicité des phénomènes observables et des découvertes réalisées. Creusée au bord sud du Synclinorium de Namur, au sein d'une unité tectonique coincée entre la faille eifelienne au sud et la faille d'Ivoz-Ramet au nord, la grotte traverse des calcaires dinantiens, redressés presque à la verticale. La spéléogenèse du réseau est complexe et des fantômes de roche récemment découverts dans la carrière voisine ont pu jouer un rôle important dans la formation du système souterrain. Celui-ci comprend deux grands ensembles : un niveau supérieur totalement fossile et un niveau inférieur actif. Les deux niveaux sont reliés par un puits. Les microformes observées sont des coupoles pariétales dans la grotte supérieure et des formes de creusement de type torrentiel dans les galeries inférieures (surcreusements et coups de gouge). Ces galeries constituent un véritable méandre de type alpin entre une zone de chantoirs au sud et la perte souterraine des eaux au nord contre le synclinal à coeur houiller. Une étude structurale a été menée, mettant en évidence les principales directions en relation avec l'orientation des formes karstiques. Des phénomènes montrent des mouvements récents ; ils comprennent des fractures fraîches avec parfois des zones de broyage, ainsi que des coupoles décalées par faille. Dans la galerie la plus haute, un important massif stalagmitique montre des piliers écrasés et écaillés. Grâce à une étude géomécanique et à une instrumentation géophysique (de septembre 2001 à mars 2002), nous avons pu prouver que ces écaillages étaient dus à des mouvements provoqués par l'appel au vide de la fosse ouest de la carrière, lequel s'est finalement traduit par l'effondrement d'un pan rocheux. Depuis lors, les mesures de contre-buttage prises par la carrière ont permis d'enrayer le phénomène. Enfin, des stalagmites ont donné des âges divers allant jusqu'à 250.000 ans, ce qui apportent des contraintes tempo-relles au creusement de la cavité en relation avec le niveau de base.