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Keywords :
data, données, éducation, politiques éducatives, valeur sociale
Abstract :
[fr] La conférence suivra deux fils conducteurs, liés à des recherches menées au sein de l’Université de Mons (Belgique) par les membres de l’institut d’Administration scolaire. D’une part, elle s’appuiera sur la manière dont s’est construite la politique d’éducation prioritaire depuis les années 1980 jusqu’aujourd’hui. Cette partie mettra en évidence l’importance de disposer de données sur les caractéristiques socio-économiques des élèves, aussi bien au niveau macroscopique (celui du système éducatif dans son ensemble) que méso (celui des établissements d’enseignement) pour tenter de développer des politiques ciblées en faveur des élèves moins favorisés, notamment lorsqu’ils sont scolarisés massivement des certains établissements scolaires particulièrement ségrégués. D’autre part, changeant à la fois de focale et de sujet, l’exposé soulignera l’importance, à un niveau microscopique, de disposer de données relatives à l’observation des pratiques au sein des classes, pour en améliorer le fonctionnement, notamment à travers la formation des futurs enseignants et la gestion des comportements des élèves.
Le système éducatif belge francophone, extrêmement libéral dans ces fondements historiques, est régulièrement pointé du doigt pour son manque flagrant d’équité et d’efficacité et pour l’ampleur des mécanismes de ségrégation à l’œuvre. Il reste relativement peu régulé en dehors des forces du (quasi) marché scolaire qui ont remplacé, pour une large part, la pilarisation construite sur deux mondes sociologiques relativement parallèles et étanches (l’enseignement catholique et l’enseignement public). Si le poids de ces piliers historiques, baptisés réseaux d’enseignement, sur les inégalités, constitue une entrave importante à une régulation plus volontariste de la part de l’autorité publique, c’est surtout de manière indirecte, en affaiblissant et en retardant ces possibilités de régulation qu’il favorise le système ségrégatif actuel et limite, dans les faits, les tentatives politiques en faveur d’une École plus ouverte et plus mixte socialement et académiquement.
Si donc le système belge francophone est relativement peu régulé en dehors des règles du (quasi)marché, c’est aussi parce que l’administration de l’éducation y a été volontairement anémiée pour éviter qu’elle n’interfère avec les opérateurs, en dehors de la liquidation des subventions (l’ensemble des établissements publics et privés étant financés de manière très similaire).
C’est dans ce contexte que certaines universités belges francophones, dont l’Université de Mons, ont occupé une place qui, dans d’autres systèmes, beaucoup plus centralisés, est traditionnellement dévolue à des services de l’administration orientés vers la recherche et développement.
Dans cette première partie de l’intervention, nous nous intéresserons à la manière dont des services d’enseignement et de recherche d’universités ont pu contribuer à la mise en œuvre des politiques d’éducation prioritaire auxquelles ils ont très largement contribué dès la fin de années 1980 avec la création des zones d’éducation prioritaire, puis d’une politique de discrimination positive, pour aboutir aujourd’hui aux mécanismes d’encadrement différencié qui peuvent être assumés entièrement par l’administration depuis la fin des années 2010.
Nous montrerons comment expertise, recherche commanditée/finalisée, recherche et développement et recherche fondamentale se sont conjuguées au service d’un système éducatif dont on peut dire, pour le moins, qu’il présente de fortes marges de progression potentielle en matière d’équité et d’efficacité, mais aussi de gestion. Nous indiquerons comment ces recherches ont aussi permis de faire avancer les connaissances sur le fonctionnement du système éducatif et les capacités opérationnelles de l’administration.
La seconde partie reposera sur les travaux qui sont menés depuis une vingtaine d’années dans le cadre de la formation des futurs enseignants du niveau secondaire supérieur. Il s’agit ici de mettre en rapport la manière dont l’Institut d’Administration scolaire contribue à la partie pratique de cette formation, tout en poursuivant un important travail de recherche destiné à améliorer les pratiques d’enseignement et de formation dans un cadre largement inspiré par l’Enseignement explicite. Dans ce contexte, il importe de pouvoir recueillir des données qui permettent de soutenir les démarches de formation, contribuant ainsi à un véritable travail de recherche et développement au service de la formation universitaire des futurs enseignants, alors même qu’une réforme de grande ampleur verra le jour en septembre 2023.