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Abstract :
[fr] L'enseignement de la géométrie, et plus spécifiquement de la géométrie dans l'espace
à trois dimensions, fait partie intégrante du parcours scolaire en mathématiques lors de
l'enseignement obligatoire, notamment tout au long de l'enseignement primaire. En effet, le curriculum prescrit exige des enseignants qu'ils développent, chez les élèves, diverses
compétences de ce domaine, par exemple le passage des solides à leurs représentations ou encore l'identication des caractéristiques des caractéristiques des figures. Toutefois, la géométrie s'avère être une
discipline complexe nécessitant une activité cognitive complète de la part de l'élève (Duval,
2005). Le développement de telles compétences requiert d'ailleurs, par exemple, l'acquisition
d'habiletés spatiales (Clements & Sarama, 2007) qui peuvent faire l'objet d'un apprentissage
long et complexe, mais qui sont essentielles pour la réussite de l'élève en mathématiques
(Mix et Cheng, 2014). En plus d'exiger une activité cognitive complexe, ce domaine fait
l'objet de conceptions épistémologiques fragiles qui remettent en question la place qui lui
est laissée au sein des référentiels (Salin, 2008). Par ailleurs, des difficultés à percevoir les enjeux et finalités de la discipline ainsi que le fonctionnement cognitif des apprenants ont été identifiées dans le chef des enseignants (Bulf & Mathé, 2018).
De ce contexte, nous nous questionnons sur les conceptions actuelles des enseignants du primaire à l'égard de l'enseignement-apprentissage de la géométrie, et plus spécifiquement de la géométrie dans l'espace 3D. Nous nous interrogeons également au sujet des pratiques enseignantes mises en oeuvre au quotidien pour développer les compétences des apprenants dans
ce domaine. Ainsi, au travers de cette communication, nous tenterons notamment d'apporter des éléments de réponse aux questionnements suivants : quelle importance les enseignants de primaire accordent-ils à la géométrie, et plus spécifiquement à la géométrie dans l'espace 3D, en comparaison aux autres domaines des mathématiques ? quel sens (définition, utilité et objectifs assignés) donnent-ils à l'enseignement de ce domaine ? quelle place est laissée au développement des habiletés spatiales, décrites au sein de la littérature comme essentielles pour la discipline, et comment les enseignants les développent-ils pratiquement dans leur(s)
classe(s) ? Pour y arriver, nous prendrons appui sur les résultats d'une enquête menée à large échelle et diffusée en ligne auprès d'enseignants francophones provenant de plusieurs pays (Belgique, France, Canada, Suisse) du primaire. Un questionnaire composé majoritairement de questions fermées permettra de réaliser des analyses quantitatives. Par exemple, lors de l'enquête, les enseignants sont invités à se positionner par rapport au(x) domaine(s) dans le(s)quels ils délaissent le plus souvent des contenus ou encore par rapport à la fréquence de mise en oeuvre de certaines pratiques spécifiques. A l'aide d'analyse de répartitions, il est ainsi possible de vérifier des hypothèses comme celle suggérant que la géométrie 3D est considérée comme moins prioritaire par les enseignants que d'autres domaines des mathématiques. Par ailleurs, la présence de questions ouvertes notamment concernant des définitions données par les enseignants à des concepts (i.e. habileté spatiale) ou concernant les pratiques concrètes mises en oeuvre dans leur(s) classe(s) permet de compléter les résultats présentés et vient ainsi
enrichir les analyses.
De manière plus générale, les résultats de l'enquête (N=110) visent ainsi une compréhension
de l'action enseignante telle qu'elle se manifeste dans les pratiques ordinaires déclarées. Ceux-
ci permettront d'enrichir la réflexion quant à la formation (initiale ou en cours de carrière) à apporter aux enseignants par rapport à ce domaine d'enseignement mais aussi quant aux
difficultés d'apprentissage rencontrées par les élèves dans ce domaine.
L'analyse des premiers résultats permet par exemple de relever, au sujet des habiletés spatiales, que de nombreux enseignants déclarent explicitement ne pas savoir ce que sont les
habiletés spatiales et ne visent donc pas leur développement, ou en tout cas pas de manière
consciente.
Après une présentation rapide de la méthodologie et notamment de l'échantillon, la communication proposera une description ainsi qu'une analyse approfondie des résultats, visant une compréhension des pratiques de l'enseignement de la géométrie à l'école primaire.