Abstract :
[fr] Introduction - La dysarthrie est un trouble affectant l’exécution motrice de la parole et, plus largement, la communication. Elle apparait fréquemment dans deux contextes pathologiques: une atteinte dégénérative ou acquise. Dans le cas de la maladie de Parkinson (MP), une dysarthrie hypokinétique est présente chez environ 90 % des patient·e·s (Atalar et al., 2023). En revanche, après un accident vasculaire cérébral (AVC), environ 30 % des patient·e·s présentent des troubles de la parole (Brady et al., 2016), généralement de type spastique ou flasque, bien que d’autres formes soient également observées (Duffy, 2019). Ces deux pathologies se distinguent par des profils évolutifs spécifiques, justifiant une comparaison approfondie des types de dysarthrie les plus fréquemment rencontrés dans ces contextes.
Objectifs - L’objectif principal de cette étude est de contribuer à développer une méthode d’évaluation objective des troubles dysarthriques, en complément des évaluations perceptuelles utilisées plus souvent en contexte clinique. Plus spécifiquement, cette étude vise à (i) comparer la dysarthrie hypokinétique et les dysarthries spastique et flasque ; (ii) différencier les niveaux de sévérité des dysarthries observées, sur base d’une sélection d’indices acoustiques pertinents.
Méthodes - L’échantillon inclut 30 participant·e·s Belges francophones présentant une dysarthrie hypokinétique dans le cadre de la MP, 10 participant·e·s présentant une dysarthrie flasque post-AVC, et 10 présentant une dysarthrie spastique post-AVC. Les productions de parole ont été recueillies via la batterie MonPaGe-2.0.2-S, en analysant plus particulièrement les modules « texte » et « diadococinésies » (Fougeron et al., 2018; Pernon et al., 2020). Ces productions ont permis l’extraction d’un grand nombre d’indices acoustiques (segmentaux et prosodiques) potentiellement informants, afin d’en comparer la pertinence relative par rapport à nos objectifs. Par ailleurs, des questionnaires complémentaires, MDS-UPDRS (Goetz, 2010), MoCA (Nasreddine et al., 2005), BDI-II (Beck et al., 1988), et VHI (Jacobson et al., 1997) ont été administrés pour documenter le trouble et évaluer son impact sur la qualité de vie.
Résultats - L’analyse des données étant en cours, les résultats actuels sont préliminaires. Les premières observations issues du prétraitement des productions de parole suggèrent l’intérêt des mesures temporelles, de fluence et de débit (variabilité des écarts inter-syllabiques, nombre et durée des pauses, débit articulatoire et de parole) pour la distinction entre les 3 types de dysarthries. De plus, des indicateurs vocaux propres à la dynamique temporelle de séquences voyelles-glides semblent jouer un rôle clé dans la caractérisation des niveaux de sévérité (Kovac et al., 2024; Roland et al., 2023).
Discussion - S’ils peuvent être généralisés, ces résultats sont susceptibles, à terme, de contribuer au diagnostic, ainsi qu’à une meilleure caractérisation et distinction des troubles de la parole chez les patientes parkinsoniennes et post-AVC, notamment en ce qui concerne l’évolution de la sévérité de la dysarthrie (dégradation vs. Récupération). Ces évaluations objectives des troubles dysarthriques reposant sur des paramètres acoustiques segmentaux et temporels de la parole, pourraient plus généralement améliorer la prise en charge et le suivi de ces patient·e·s. En limitant l'impact cognitif et psychosocial de la dysarthrie, cette démarche préserverait la qualité de vie (Pinto et al., 2010).