Abstract :
[fr] En sociologie, la théorie institutionnelle s’intéresse à la façon dont les organisations finissent par se ressembler (Greenwood et al., 2014). Il existe en effet plusieurs processus isomorphiques qui tendent à faire converger le comportement des organisations (DiMaggio et Powell, 1983). Cette théorie institutionnelle est fréquemment convoquée par les travaux qui traitent de la responsabilité sociétale des entreprises, ou RSE – c’est-à-dire grossièrement, à leurs engagement à caractère environnemental ou sociétal. La littérature a notamment développé le concept de RSE implicite ou explicite : la première, qui renvoie aux rôles échus aux entreprises dans une société donnée du fait des paradigmes institutionnels prévalents, est dépendante du développement d’un État-Providence fort, tandis que la seconde renvoie aux actions discrétionnaires des entreprises typiquement corrélées aux systèmes plus libéraux (Matten et Moon, 2008). Pourtant, même les pays européens de tradition implicite, Scandinavie comprise, tendent à adopter des modèles de RSE plus explicites (Morsing et al., 2008 ; Carson et al., 2015).
Ce changement de paradigme peut aussi se retrouver dans le discours : si l’on s’arrête, dans une perspective institutionnelle, sur les questions de convergence, un phénomène discursif semble prendre une pertinence toute particulière : le figement. Analyser le discours par les figements qu’il contient, c’est s’intéresser à un procédé qui lui permet d’asseoir une forme d’autorité dans le champ où il s’exprime (Krieg-Planque, 2015). Dès lors, les figements et leur circulation sont révélateurs d’une forme d’homogénéisation des pensées, des représentations… qui sont elles-mêmes révélatrices d’une forme d’ « isomorphisme discursif ». Avec cette communication qui emprunte à l’analyse du discours, à la linguistique de corpus ainsi qu’à la sociologie, nous nous proposons de montrer comment des figements environnementaux saillants, transversaux à plusieurs corpus de PME scandinaves et francophones constitués aléatoirement, convergent tendanciellement et témoignent d’une institutionnalisation du discours environnemental.