Abstract :
[fr] Notre projet a pour objet d'étude les difficultés de contrôle du mouvement lors de la production de sons de parole chez les personnes MP. En effet, de nombreuses études ont mis en évidence chez ces patients des troubles divers de la voix et de la parole, parmi lesquels une imprécision de l'articulation, en particulier pour les consonnes1,2,3,4,5,6,7. Ce sont les consonnes occlusives, fricatives et affriquées qui présentent le plus de distorsions, probablement en raison de la réduction de l'amplitude et de la force du mouvement articulatoire. A contrario, peu de travaux se sont centrés jusqu'ici sur les caractéristiques des segments qui requièrent, de la part du locuteur, la réalisation de mouvements articulatoires intra-segmentaux étroitement contrôlés8. En français, les phonèmes /j/ et /w/ sont les seuls porteurs d'attentes de ce type, en se caractérisant par l'évolution continuelle de leur timbre en cours de production.
Dans cette communication, nous étudions, via l'acoustique, la dynamique des articulateurs supralaryngés en nous focalisant sur les vocoïdes, voyelles et glides, du français. On s'attend à ce que les personnes atteintes de la MP présentent des modifications dans leur dynamique de mouvement lors de la production de sons de parole. Par ailleurs, comme le proposent notamment Ackermann et collègues5,9 une réduction de l'amplitude des mouvements articulatoires pourrait être présente chez les sujets MP afin de préserver le tempo de parole, conduisant à un phénomène d'undershoot, observable au niveau acoustique.
Afin de tester cette hypothèse, une première étude a consisté en un recueil de sons de parole hors contexte communicationnel auprès de neuf personnes MP et de dix sujets sains10. Nous avons opté pour la production de logatomes ayant comme structure VCV, où V est une des trois voyelles orales périphériques de l'espace vocalique /a, i,u/ et où C est un des glides /j,w/. Les analyses acoustiques (formantiques) révèlent des différences entre les deux groupes de sujets, notamment pour la taille de l'espace vocalique, avec une variabilité interindividuelle accrue pour les sujets MP. Une réduction significative de l'amplitude des mouvements au sein de cet espace acoustique lors de la production de VCV apparait également chez les sujets MP. A contrario, on note une similarité entre les deux groupes en ce qui concerne la localisation dans le plan F1/F2 de la cible formantique pour le glide, et la durée totale des séquences VCV. Ces premières données vont ainsi dans le sens de l'hypothèse selon laquelle la parole des sujets MP est caractérisée par une réduction de l'amplitude des mouvements articulatoires (certaines cibles étant privilégiées au détriment d'autres), alors que le tempo de parole est globalement préservé.
Une deuxième étude, dont les données sont actuellement en cours d'analyse, a été menée auprès de 65 personnes MP et 30 sujets contrôles, intégrant une version étendue du corpus 'glides' décrit ci-dessus dans un panel plus large de productions de parole (incluant notamment le protocole MonPaGe11). Outre la diversification des tâches (à visée plus ou moins communicationnelle) et l'accroissement du nombre de productions récoltées, l'objectif ici est d'affiner l'analyse en tenant compte plus étroitement de l'histoire médicale des sujets ainsi que d'un panel d'évaluations visant les relations entre productions de parole et qualité de vie (notamment à travers l'utilisation d'échelles d'hétéro- et d'auto-évaluation : UPDRS, PDQ-39, VHI, BECK, MoCa). Ces résultats, combinés à ceux précédemment recueillis, nous permettront d'étudier de manière plus étendue la dynamique du mouvement lors de la production de sons de parole chez les sujets MP, hors et en contexte communicationnel.