Le délaissé urbain, espace expérimental d’apprentissage, générateur de nouveaux récits ? Retours d’expériences d’un atelier inter-universitaire sur la friche de la Broucheterre à Charleroi

Notre communication s’inscrit comme un récit d’expérience, qui interpelle les axes 3, 4 et 5, de l’appel à contributions.
Notre propos s’ancre dans le quartier de la Broucheterre, sur la friche du charbonnage de Mambourg, située à Charleroi, en Belgique. Dans ce contexte, les friches sont les témoins d’un paysage post-industriel. Leur identité est marquée par des terrils, des bâtiments et des espaces plus ou moins végétalisés, plus ou moins abandonnés. Ils génèrent la plupart du temps des représentations négatives, de territoires fragmentés et encore bien souvent occupés par une population précaire. Les quartiers d’habitats se retrouvent ainsi imbriqués entre ces espaces déqualifiés.
Malgré tout, nous voyons ce paysage, que nous qualifions d’intermédiaire (Benigni, 2014 ; le Gall & Rougé, 2014), comme un support potentiel à de nouvelles opportunités pédagogiques. Nous considérons dans ce contexte, le temps d’abandon comme un temps de projets, il participe au renouveau d’un territoire. Nous mobilisons ces qualités dans notre approche pédagogique à travers un souci de décloisonnement des disciplines et une remise en cause de la hiérarchie induite par les relations enseignant.e.s/étudiant.e.s.
Durant trois jours en septembre 2021, un atelier du réseau européen de chercheurs-euses dénommé « inter-friches1 », qui regroupe des acteurs universitaires sur le sujet, s’est installé sur cette friche durant trois jours en septembre 2021. Cette action a mobilisé plus d’une trentaine d’acteurs locaux et régionaux, des étudiant. e. s et enseignant. e. s autour d’une même question : peut-on considérer la friche comme un lieu d’apprentissage et de partage du vivant, vecteur d’imaginaires communs et génératrice de nouveaux récits ?
Les objectifs et le programme du workshop se sont appuyés sur une approche pluri disciplinaire des milieux (archi/paysage/urba/géographie/art). Les trois jours d’installation éphémère ont permis à l’ensemble des participants d’expérimenter des pratiques multiples et d’échanger sur des savoir-faire à travers différents chantiers. Les actions réversibles, en respect du « déjà-là » (Pèlegrin-Genel, 2012)) et du « faire avec » (Clément, 2014), la création d’un village temporaire, ont permis aux participants d’imaginer un « lieu », de tester le « vivre ensemble » tout en prenant la mesure du quartier alentour. Ils ont ainsi pris conscience des traces de leurs actes dans un espace perçu comme « hostile », sale ou vide. Les trois chantiers (jardiner, observer, habiter) sur la base d’une approche expérientielle de l’apprentissage et du droit à l’erreur (Astolfi 2015 ; Boquet 2018 ; Blanckaert 2017, 2021) étaient rythmés par des temps forts, tels que des conférences, des tables rondes, des excursions… Ils ont fait l’objet d’une création collective in process et in situ : un fanzine2 associant images photographiques, dessins, cartographies, textes, tous porteurs de récits d’expériences.