Abstract :
[fr] Notre étude interroge les possibles répercussions au plan vocal du recours à la Lee Silverman Technique (LSVT) BIG®, un programme spécifique à la prise en charge des personnes atteintes de la maladie de Parkinson (MP). Inspirée des principes méthodologiques de la LSVT « LOUD » (qui procède par maximisation de l'intensité vocale dans le but d'améliorer le contrôle de la production vocale1,2,3,4), la LSVT BIG cible le corps entier et procède par maximisation des mouvements des membres ; elle vise à améliorer l'équilibre, le contrôle postural et l'endurance5.
On sait que des modifications de position du locuteur peuvent entrainer des modifications vocales4,6,7. Dans la mesure où le contrôle postural est l'un des éléments ciblés par la LSVT BIG, il apparait sensé de s'interroger quant aux conséquences potentielles de son amélioration sur le contrôle de la phonation. Dans le même ordre d'idée, d'aucuns soulignent que la correction de la posture des personnes MP (notamment à tendance cyphotique, dans un objectif de tendance à la verticalité) est importante dans la prévention et la rééducation de la dysphonie8. Nous nous interrogeons donc ici sur les éventuelles conséquences que l'utilisation de la LSVT BIG (qui ne cible pas directement les organes phonateurs) pourrait avoir sur la production de parole par les patients MP qui en ont bénéficié.
Nous avons proposé la LSVT BIG® à 10 patients MP. Les traitements se sont déroulés au rythme de 4 séances individuelles par semaine (chacune d'une durée de 45 à 60 minutes) durant 4 semaines. Durant ces séances, 7 exercices physiques ont été réalisés. Des tâches fonctionnelles ainsi que des exercices susceptibles d'être pratiqués hors la présence du thérapeute ont également été effectués. Le programme prévoit également des exercices quotidiens autonomes, une fois par jour de traitement, deux fois les jours sans traitement. Des épreuves physiques fonctionnelles pratiquées avant et après traitement montrent globalement une amélioration significative de la mobilité fonctionnelle et de l'équilibration du système postural. Le test PDQ39 (mesurant la qualité de vie) indique quant à lui une amélioration significative dans les secteurs du bien-être émotionnel et des activités physiques.
Durant chaque séance ont été recueillis, à trois occasions (début de séance, milieu de séance -après les exercices mais avant les tâches fonctionnelles- et fin de séance), divers sons de parole : voyelles tenues, logatomes à structure Va,i,uCj,wVa,i,u, diadococinésies orales et nasales et listes automatisées (jours de la semaine et mois de l'année).
Les analyses statistiques appliquées aux données acoustiques révèlent diverses modifications dans les productions des sujets. Ainsi, les comparaisons des données recueillies entre la 1ère et la 16ème séance révèlent un accroissement significatif du temps maximum de phonation lors de la production des trois voyelles orales périphériques de l'espace vocalique /a/, /i/, /u/ (F=8.577, p=0.004, dl=1). Des modifications significatives des timbres des vocoïdes (monophtongues et glides) sont également observables. Les analyses encore en cours visent à rendre compte des variations éventuelles de paramètres tels que le débit de parole, l'intensité, et la fréquence fondamentale.
Les modifications observées sont discutées en termes étiologiques et confrontées aux observations de la littérature concernant l'utilisation conjointe de plusieurs types de techniques LSVT.