Abstract :
[fr] Cette thèse s’inscrit dans une problématique non seulement actuelle, mais également de plus en plus prégnante : elle se propose d’analyser le discours d’acteurs économiques en matière d’environnement et de société. Ce faisant, elle résonne, partiellement, avec ce champ des études de gestion que l’on nomme la RSE. Par son approche, elle emprunte, de même, à la sociologie et plus précisément à la théorie institutionnelle. Toutefois, elle est surtout, avant tout, intéressée par les réalisations linguistiques du discours et trouve ici sa filiation principale.
Prenant pour point de départ la directive 2014/95/UE, elle s’en écarte immédiatement pour exclure de son spectre de recherche les entités concernées par le texte européen. Bien plutôt, elle se concentre sur les petites et moyennes entreprises, et sur un échantillon de celles-ci en Belgique, au Danemark, en France et en Suède, mais aussi en Norvège, afin de comprendre comment elles communiquent, sur leur site Internet, en matière d’environnement et de société alors qu’elles n’y sont pas juridiquement contraintes.
Notre travail a donc l’ambition de s’inscrire dans la démarche intrinsèquement multidisciplinaire de l’analyse du discours : il mobilise les fondements de la responsabilité sociétale des entreprises, dont il se restreint à deux de ses piliers seulement ; les questions environnementales (surtout) et sociétales (bien peu). Il sollicite les concepts de la théorie institutionnelle et cherche à déceler des traces d’un isomorphisme discursif dans la communication des organisations. Il en appelle enfin à plusieurs méthodes de l’analyse du discours pour déceler dans le texte de telles réalisations.
L’analyse du discours est convoquée pour ses grilles d’analyse, d’une part : notamment ses principes de légitimité, de récurrence et de framing. Mais ce sont également de certains de ses outils que nous nous aidons : pour la constitution de cinq corpus construits à partir d’URLs extraites depuis le site Internet d’une sélection d’entreprises, ainsi que pour leur analyse subséquente à l’aide de programmes de la linguistique de corpus, et, plus spécifiquement, de la textométrie.
L’utilisation de méthodes d’analyses statistiques de données textuelles est particulièrement adaptée à une approche institutionnelle qui veut comprendre pourquoi les organisations tendent à devenir similaires. Avec cette thèse, nous espérons montrer que, même chez des entreprises qui communiquent volontairement en matière environnementale et sociétale, il existe une forme d’homogénéisation discursive trahissant une attitude relativement uniforme vis-à-vis de telles questions, et donc, finalement, une institutionnalisation de leur traitement.
[en] This thesis comes within the scope of an issue, which not only is contemporary, but also increasingly prominent: its ambition is to analyse the discourse of economical actors in terms of their commitment to environment and society. It echoes therefore with this sub-field of business studies named CSR. Through its approach, it borrows from sociology and more specifically institutional theory. Yet, it is first and foremost interested in the linguistic realisations of discourse, and this very dimension represents the work’s main filiation.
Taking European directive 2014/95/EU as a starting point, the thesis immediately breaks away from its original intent in order to target a group that is specifically excluded from the directive: rather than large companies, our work focuses on small and medium businesses. For that purpose, we select a sample of such businesses from Belgium, Denmark, France, Sweden, as well as Norway, in order to understand the basis of their environmental and societal communication, even though they’re not legally bound to address the question.
Our thesis aims to follow the intrinsically multidisciplinary nature of discourse analysis. It relies on the fundamental principles of corporate social responsibility, albeit it limits itself to two of its pillars only: environmental (mostly) and societal (to a much lesser extent) issues. It borrows the concepts of institutional theory and seeks to find the traces of discursive isomorphism in the communication of organisations. Finally, it summons several methods of discourse analysis to find, in the texts, how such isomorphism is realised.
Several frameworks of discourse analysis are used for our purpose: the principles of legitimacy, recurrence and framing are the most notable. We also make use of some of its tools in order to build five corpora based on URL pages extracted from the website of a selection of companies and to carry out their analysis with the help of corpus linguistics programs; more specifically, with textometry programs.
The use of statistical analysis for textual data is suitable for an institutional approach, whose goal is to understand why organizations tend to become increasingly similar. With this thesis, we hope to demonstrate that even companies whose environmental and societal communication can be seen as voluntary are subject to some sort of discursive homogeneity that points to a somewhat similar attitude towards such issues, thus indicating an institutionalisation in the way they are being addressed.