Troubles de la parole dans la maladie de Parkinson : effets d’une prise en charge par l’utilisation de la musicothérapie ? Étude de cas

Les troubles thymiques et dysarthriques sont des symptômes fréquents dans la maladie de Parkinson (MP). Ces troubles, associés à ceux de la triade parkinsonienne, peuvent entrainer une diminution de l’autonomie et plus largement de la qualité de vie (QoL). Par ailleurs, les traitements médicamenteux les plus fréquemment proposés aux patients peuvent avoir des effets variables sur les troubles dysarthriques, ce qui conduit les professionnels à compléter ceux-ci par des prises en charges (PEC) non médicamenteuses. La (neuro)musicothérapie (NMT) a ainsi émergé ces dernières années et pourrait apparaître comme une prise en charge innovante et efficace. En effet, des résultats positifs ont été relevés dans les troubles de la marche et de la mobilité chez des patients parkinsoniens.
Afin d’investiguer si la NMT peut avoir des effets bénéfiques sur la PEC de la dysarthrie hypokinétique (DH), une première étude de cas a été réalisée auprès d’un patient atteint de la MP (76 ans, stade 4), qui a été soumis à 6 séances de rééducation par NMT. Ces séances ont consisté à travailler différents aspects de production de la parole (rythme, articulation, intensité). Cette PEC a été précédée et suivie par des évaluations des troubles moteurs de la parole via le protocole de screening MonPaGe et des paramètres thymiques et de la QoL via questionnaires (GAI, GDS15, SHI et PDQ39).
Deux indices acoustiques ont été étudiés : la variabilité de la fréquence fondamentale (F0) (Hz) et le débit de parole (syll./s) via une tâche de description d’image et une tâche de répétition de phrases, toutes deux extraites du protocole MonPaGe. L’altération de ces paramètres est en effet caractéristique des troubles de la parole dans la DH. Néanmoins, il persiste un manque de consensus quant à leur évolution au cours de la maladie.
Les productions du patient avant et après PEC ont été comparées entre elles ainsi qu’aux productions de deux groupes contrôles : un groupe de 10 hommes sains (45 à 75 ans) et un groupe de 6 hommes MP (57 à 81 ans, stades 2 à 3), aucun n’ayant reçu d’entrainement par NMT.
L’outil de screening MonPaGe 2.0.s révèle une atténuation de l’altération de la parole passant de 2,5 (altération modérée à sévère ; cut-off >2) à 0 (absence d’altération). Les mesures sur la QoL et aspects thymiques n’indiquent pas d’évolution. Parmi les deux indices acoustiques étudiés, seule la variabilité de la F0 semble impactée. En effet, dans les deux types de tâches, elle tend à décroitre après entrainement et se rapproche des valeurs du groupe contrôle sain. Des analyses complémentaires sont en cours de réalisation.